Spéciale Journée de la Femme. Nan, j'déconne.

Nous sommes le 8 mars, Journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Je serai en grève aujourd'hui, je ne produirai rien. Mais je vous partage 3 ressources qui vous permettront de cultiver votre esprit critique et de choisir les bons mots pour parler de la Femme (non), du leadership féminin (toujours non) ou d'égalité professionnelle.

re·wor·l·ding
3 min ⋅ 08/03/2024

Comprendre l’importance des déterminants : pourquoi je ne dis pas La Femme, ni la Journée de la Femme.

Si les grandes conventions du langage inclusif recommandent de ne pas employer le mot “Homme” dans un sens englobant, j’y ajoute aussi de ne pas employer le mot Femme (avec ou sans majuscule de prestige) précédé de l’article “la” pour parler de la totalité des femmes : le déterminant devant le mot femme a aussi un sens déterminant.
J’expliquais en 2022 dans le magazine l’ADN pourquoi “Mettre la femme au pluriel (était) une autre des luttes du 8 mars”. Si vous préférez l’explication en vidéo en moins de 3 minutes, c’est sur Instagram que ça se passe.

Pourquoi je ne dis pas : leadership féminin

J’ai écrit cet article en 2021 : vous y lirez pourquoi les définitions du mot “féminin” sont empreintes de sexisme. Comment nous vivons dans le paradoxe des qualités dites féminines, entre réalité et construction. Et pourquoi, si le leadership féminin est souvent présenté sous un jour positif, il contribue à enfermer les femmes dans des postures spécifiques, y compris le syndrome de l’imposture.
En bonus, un génial Tedx de Tomas Chamorro-Premuzic au titre savoureux :  Why do so many incompetent men become leaders ? (Pourquoi tant d’hommes incompétents deviennent-ils leaders ?)
Excellente question, non ?

Apparemment, on peut être mettre du rouge à lèvres et être la meilleure boss du monde (d'après les banques d'images). Cool.Apparemment, on peut être mettre du rouge à lèvres et être la meilleure boss du monde (d'après les banques d'images). Cool.

Égalité professionnelle : cette méthode simple et gratuite pour recruter plus de femmes

Aujourd’hui on va voir de nombreuses entreprises mettre avec fierté en avant leurs engagements pour l’égalité professionnelle. Certaines seront authentiques, d’autres moins. Certaines seront ambitieuses et mettront des millions sur la table. D’autres auront des actions symboliques pour ne pas dire anecdotiques. Sans parler de celles qui pratiquent le marketing fainéant (sexualiser le corps des femmes pour vendre, au hasard, du carrelage) et le féminisme washing (prétendre être une entreprise qui promeut l’égalité mais exploiter des femmes pour fabriquer ses produits, par exemple) qui vivent leur heure de gloire tous les ans à cette même période ou se font rappeler à l’ordre sur les réseaux sociaux (coucou la Journée de la femme).

Pourtant, il y a une chose extrêmement simple et accessible que toutes les entreprises pourraient faire et qui contribuerait concrètement (et gratuitement) à renforcer l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes : écrire leurs offres d’emploi de manière inclusive.

J’ai participé en 2023 à un Live LinkedIn avec l’experte RH Maud Grenier sur la question du langage inclusif dans le recrutement. J’en ai tiré 10 enseignements concrets pour les entreprises qui veulent vraiment rendre leur recrutement plus inclusif et embaucher plus de femmes. Par exemple, comprendre la différence entre culture add et culture fit, choisir la stratégie de langage inclusif la plus appropriée à son objectif ou aller au-delà du titre de l’offre pour avoir une approche holistique de l’inclusion dans tout le texte et les interactions avec les candidat·es.

Le LinkedIn live est aussi toujours accessible. Le LinkedIn live est aussi toujours accessible.

Bonus : j’ai regardé, je recommande

...

re·wor·l·ding

Par Alicia Birr

Un des éléments fondamentaux pour cultiver son regard critique sur les mots est de toujours avoir en tête où se situe celle ou celui qui écrit : notre âge, notre genre, notre passé, notre présent, nos conditions de vie influencent évidemment ce que nous ressentons, pensons et comment nous l’exprimons avec des mots (si même on parvient à l’exprimer, soit parce que l’on manque des mots pour le faire ou que l’on n’a pas d’espace où rendre publics, visibles ces mots).

Aussi, il me semble inconcevable de contribuer à cette vaste entreprise d’éducation par la déconstruction du langage sans dire où moi, je me situe.
Je suis une femme blanche, cisgenre, hétérosexuelle, en couple, mariée, mère de trois enfants, dans ma quarantaine, vivant à Paris, doublement diplômée dans des cursus dits prestigieux, ancienne cadre dans une entreprise multinationale, aujourd’hui indépendante, je suis privilégiée.
Je suis une femme qui a été témoin de violences sexistes depuis son enfance, qui a été harcelée, qu’un homme a tenté d’agresser dans le métro sans que personne n’intervienne, qu’on a traitée de conne en réunion, qui a subi des violences obstétricales.
Je suis une femme féministe, qui a milité dans une association LGBTQI+, qui a été hôtesse d’accueil à la Défense, qui a créé, dirigé puis fermé son entreprise, qui adore l’école, qui aime beaucoup parler en public et former les gens, qui coache d’autres femmes.

Récemment, j’ai réfléchi à la notion de syndrome d’imposture et j’ai décidé de bannir cette expression de mon vocabulaire. Il y a plein de raisons que je pourrais invoquer pour délégitimer ma position : que je ne suis pas linguiste ou que je n’ai jamais été créa dans une agence de com. Mais il y a quelques temps j’ai entendu Aurélien Barrau, astrophysicien et philosophe, parler de sa propre légitimité à s’exprimer sur les questions écologiques, dont il n’est a priori pas expert sur le papier. Aux critiques qui cherchent à déligitimer son discours, donc, il répond simplement : “Mais je m’en fous, je sais que ce que je dis est intéressant”. Et j’ai décidé que pour moi, c’est pareil.

J’ai même envie de dire que c’est parce que je ne suis pas linguiste que ce que j’écris est intéressant : parce que c’est ancré dans le concret de mon quotidien, parce que c’est dit avec des mots accessibles (en tout cas, j’espère). Et que c’est nourri par mes expériences personnelles et professionnelles : j’ai travaillé dans la musique, dans la mode, dans les médias, chez Google, en tant que coach, productrice évènementielle, j’ai travaillé avec des bouts de ficelles et des moyens dispendieux, je suis retournée deux fois me former pour compléter ma formation initiale en sciences politiques.

Aujourd’hui, tout ça s’articule, les points se relient, et je donne du sens à mon parcours sur le vaste terrain de jeu du langage inclusif avec re·wor·l·ding, qui se veut à la fois un espace pédagogique de création de contenu accessible à toutes et à tous, et un véhicule pour faire de la formation et du conseil en communication inclusive dans les entreprises, ainsi que du coaching en management et leadership inclusif.

Vous pouvez aussi me suivre sur LinkedIn.

Les derniers articles publiés